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Le Bavaisis de 1880 à nos jours

d'après

INITIATION A L'ARCHEOLOGIE INDUSTRIELLE

MUSEE ARCHEOLOGIQUE DE BAVAY

PRESENTATION DU BAVAISIS

ESQUISSE GEOGRAPHIQUE:

Limité à l'Ouest et à l'Est par les bassins de l'Escaut et de la Sambre, au Sud par la forêt de Mormal et au Nord, par la frontière franco-belge depuis trois siècles, le Bavaisis est formé d'un plateau couvrant une superficie d'environ 11 000 hectares et est composé de 15 communes qui représentent la presque totalité du canton de Bavay et de la CCB du Bavaisis.

Cette petite région géographique n'a pas été tellement favorisée par la nature : les sols essentiellement composés d' argiles à silex et de sables landéniens, couverts par endroits de limons récents, se prêtent dans l'ensemble assez peu aux cultures, et, pour leur donner une certaine fertilité, il a fallu patiemment les amender.

Le sous-sol quant à lui, est un peu plus favorable au développement d'activités économiques plus lucratives. Composé pour l'essentiel de marnes du crétace, il présente, vers le Nord-Ouest surtout, des facies différents dans un ensemble assez tourmenté. On y rencontre en effet les calcaires du Dévonien renfermant une hématite oolithique donnant un minerai de fer à faible teneur, les grés et les schistes du Frasnien et parfois en couverture, le calcaire coquillier du Sarrasin. En surface également les limons ont fourni fréquemment de l'argile factile, terre à briques et à poteries.

La couverture végétale originale, constituée par ce qu'on appelait la forêt charbonnière, a été fortement modifiée par les défrichements du Néolithique, de l'antiquité romaine, du Moyen-Age et de la seconde moitié du XIXè siècle ; toutefois des lambeaux de cette forêt ont fourni des ressources encore assez appréciables.

Le réseau hydrographique est organisé autour de l'Hogneau qui prend sa source au bois Delhaye à la Longueville, reçoit comme principaux affluents le ruisseau de Bavay long de 12,5 Km, grossi des ruisseaux des Bulteaux et d'Audignies, puis le Rieu de l'Erelle et quelque autres avant de se jeter dans la Haine après un parcours de 30 Km ; sa largeur est de 10,20m en moyenne. Ses crues sont rares mais peuvent être catastrophiques comme celle de 1898 au cours de laquelle il a détruit ou endommagé plusieurs habitations, une marbrerie à Bellignies et mis hors service un moulin à Taisnières-sur-Hon.

Photo d'une habitation dévastée par les eaux:

Traversant le Bavaisis, l'Hogneau a surtout jouée un rôle capital dans la production d'énergie jusqu'après la première guerre mondiale, mais il n'a jamais présenté le moindre intérêt dans l'amélioration des moyens de communication.

Le Bavaisis n'a pas toujours été favorisé non plus par les hommes, même si, le conquérant romain choisit d'y implanter la Capitale de la Cité des Nerviens et de faire de Bavay un important carrefour routier, prélude à une prospérité économique de plusieurs siècles. Dés la fin de l'antiquité les déboires s'accumulèrent sur le pays jusqu'au début du XIXè siècle : aux guerres et à leur cortège de malheurs s'ajoute le refus de Vauban de fortifier la vieille Cité des Nerviens, décision qui pesa lourdement sans doute sur le devenir du Bavaisis. En effet la réalisation d'une plate-forme requérait, en l'absence de cours d'eau, le creusement d'un canal amenant l'eau de la Sambre ou de l'Escaut, ouvrage qui eut permis lors de la révolution industrielle, de faire bénéficier le Bavaisis de ses bienfaits.

Faute de mieux, la région, tout en conservant des activités séculaires comme les industries de la terre, de la pierre et du fer, vécut surtout de l'agriculture et de la transformation de ses produits, avant que les lois douanières d'une part, et que le chemin de fer d'autre part favorisent de nouvelles activités.

Ressources agricoles et forestières dans le bavaisis vers 1880:

Utilisation des ressources du sous-sol depuis 1880:

Utilisation des ressources agricoles depuis 1880:

Utilisation du réseau hydrographique depuis 1880:

HISTORIQUE DE L'INDUSTRIALISATION:

Des origines à la révolution industrielle. Dés l'antiquité des activités industrielles sont connus dans le Bavaisis comme en témoignent quelques documents écrits et les nombreuses découvertes archéologiques. On exploita le Sarrasin à Houdain, la pierre bleue à Hon-Hérgies et à Bellgnies, le sable et le gré à Louvignies ainsi que les argiles et les marnes largement utilisées par les briquetiers et les potiers. Dans un tout autre domaine, les tisserands nerviens avaient acquis une renommée confirmée par l'indication portée dans la Notitia dignitatum... du " birrhus nervien export' jusqu'en Orient".

Certaines de ces activités se sont poursuivies jusqu'à nos jours : on a fabriqué de la vaisselle en terre cuite jusqu'en 1845, date de la fermeture de la fa

Héritiers du régime seigneurial une trentaine de moulins les uns à vent, les autres à eau, parfois très anciens comme celui de Fréhart qui pourrait remonter au XVIè siècle ont perpétués des activités ancestrales. Quelques-uns comme celui de Rametz furent convertis en clouterie et platinerie ou en scierie de marbre. Sous l'impulsion de quelques personnalités dynamiques d'origine noble comme le comte de Fourmestraulx ou bourgeoise comme A.Crapez, naquirent plusieurs petits établissement transformant le minerai de fer provenant des minières d'Houdain et de Hon-Hergies : forge à gros marteau à Bellignies, platinerie à Bettrechies mues par l'Hogneau, clouterie à Louvignies,Mecquignies et platinerie à Louvignies mue par le ruisseau de Bavay.

L'eau fut ainsi la principale source d'énergie utilisée jusqu'à la révolution industrielle ; en effet on connaissait seulement un seul exemple d'utilisation de la vapeur en 1848 : l'établissement Carion à Bellignies était "une usine à scier le marbre établie sur la rivière l'Hogneau d'une force motrice de dix-huit chevaux hydrauliques avec une machine à vapeur de la force de six chevaux, système la Chapelle..." Le gaz, fabriqué à Louvigny-Bavay depuis 1827, utilisé pour l'éclairage public à Bavay avec 14 becs de gaz en 1827, n'a pas été utilisé semble-t-il dans l'industrie.

Pour effectuer les transports enfin, le roulage seul, était l'apanage de quelques entreprises spécialisées mais surtout des agriculteurs qui complétaient de cette façon leur revenus. L'essor de cette activité a sans doute contribué à l'installation de bascules publiques dés la fin du siècle dans la plupart des communes. Les charrois de pierres, de marbre, de sable, de bois mais aussi de tous produits agricoles détérioraient fortement les routes du Bavaisis ; maints documents rappellent les règlements mais aussi les démêlés qui opposaient l'administration régionale et les élus locaux.

LES APPORTS DE LA REVOLUTION INDUSTRIELLE:

Dans le Bavaisis la révolution industrielle généralisa l'usage de la machine à vapeur et du chemin de fer. Mais l'essor des cultures nées du blocus continental, chicorée et betterave sucrière, et leur transformation industrielle d'une part, l'application dés lois douanières successives d'autre part, ont également contribuée à favoriser l'activité économique du Bavaisis.

Après 1870, une multitude de cheminées hérissa le pays de Bavay, matérialisant la progression de la machine à vapeur. Cette forme d'énergie est alors utilisée tout à la fois dans les scieries de marbre où elle apporte un compl'ment à l'énergie hydraulique, dans les ateliers de polissage, dans les carrières pour actionner les treuils comme à la carrière Chevalier, dans les boulonneries de Louvignies. On utilise aussi la machine à vapeur dans les industries agro-alimentaires : dans les sucreries d'Houdain et de Saint-Waast-la-Vallée, chez Mandron à Louvignies pour fabriquer la chicorée et même chez Lecq à la brasserie de la Longueville.

Au début du XX ème siècle l'énergie produite par la machine à vapeur est encore faiblement concurrencée par l'électricit' dans la région. L'utilisation de cette forme d'énergie est le fait d'une initiative privée : V. Evrard équipe sa marbrerie de Bellignies d'un moteur à gaz pauvre qui fabrique l'électricité nécessaire aux installations de l'usine, mais assure aussi l'éclairage du pont de Cotipont tout proche.

Tableau du développement industriel régional:

Le développement du chemin de fer, autre apport de la révolution industrielle, est arrivé tardivement dans le Bavaisis. En effet, hormis la ligne Paris-Bruxelles, par Feignies et Mons mise en service le 1 er janvier 1858 qui traverse la commune de la Longueville vers le bois des Ecoliers, le chemin de fer est absent de la région jusqu'en 1880. Dés 1871, un projet d'établissement d'une ligne Valenciennes-Maubeuge par Bavay fut déposé par un groupe de notables, banquiers et industriels; à cette occasion on publia une notice de 14 pages avec plan de la ligne projetée et tableau des ressources des communes traversées ou intéressées par le projet. Ce projet dans lequel la ligne passait au Nord de Bavay ne fut pas totalement retenu puisque le tracé défmitif, longea le ruisseau de Bavay pour aboutir à Louvignies-Bavay.

Cette ligne fut ouverte le 9 février 1881 pour le tronçon Bavay-Valenciennes, et le 6 septembre pour le tronçon Bavay-Douzies-Maubeuge. Les années suivantes furent mises en service les lignes Bavay-Le Quesnoy (1er novembre 1881) et Bavay-Roisin (Belgique) (20aoùt 1882). Enfin, le 5 aoùt 1895, s'ouvrait la ligne "d'intérêt local" Bavay-Bettrechies avec embranchement vers Hon-Hergies à partir d'Houdain. Ainsi à la fin du siècle, le Bavaisis était désservi par 3 lignes de chemin de fer; les gares de Louvignies-Bavay, Saint-Waast-la-Vallée, La Flamengrie, La Longueville (trajet Valenciennes-Maubeuge), Bettrechies (trajet Bavay-Roisin), de Bavay, Houdain, Hon-Hergies, Bellignies, Bettrechies (trajet "d'intérêt local") et les points d'arrêts de Audignies (trajet Valenciennes-Maubeuge) et de Gussignies (trajet Bavay-Roisin). La gare de Louvignies-Bavay faisait figure de carrefour ferroviaire offrant d'intéressantes liaisons vers les bassins industriels voisins, vers Cambrai via Le Quesnoy et vers la Belgique. Son importance est également attestée par l'existence d'un dépôt de locomotives en état de fonctionner en cas de panne, d'une grande et d'une petite vitesse, de deux salles d'attente, d'un chef de gare et d'un sous-chef, d'une bibliothèque avec journaux et livres et d'un buffet.

Photo de la gare de Bavay:

Le trafic journalier portait sur 500 voyageurs, sur de multiples transports effectués pour les marbreries, les carrières, les sucreries, le charbon, les engrais. Les autres stations, si modestes étaient-elles, contribuèrent aussi à créer des emplois de même les gardes de passages à niveaux et l'entretien des voies et du matériel.

Le chemin de fer eut une influence bénéfique sur les activités du Bavaisis, il amplifia les échanges des industries traditionnelles, il contribua à la création d'usines métallurgiques comme les forges et ateliers de La Longueville, en 1898 même si l'élan fut momentanément coupé par la première guerre mondiale, il permit enfin à l'agriculture de se moderniser. Par la mécanisation, l'utilisation d'engrais et la commercialisation de ses productions.

Moins spectaculaire sans doute mais tout aussi bénéfique pour l'industrie marbrière notamment fut la politique douanière : après les lois protectionnistes de la Restauration (1819, 1821, 1826) qui virent les marbreries belges venir s'installer de l'autre côté de la frontière, le traité de commerce de 1860 ouvrit les marchés britanniques puis américains aux marbreries de la Vallée de l'Hogneau et inaugurèrent pour elles une ère de prospérité qui se prolongea jusqu'à la guerre de 1914.

Au cours de cette période l'agriculture prospéra comme l'attestent de nombreuses fermes dont les pignons portent des dates de construction comprises entre 1860 et 1880 environ. Stimulée par une conjoncture favorable elle permit la mise en service de plusieurs sucreries, de nouvelles fabriques de chicorée après la fabrique Mandron créée en 1833, et la fabrique de pâte de pommes installée dans l'ancienne faïencerie de Louvignies après 1845; elle continua de fournir aux moulins et aux brasseries les éléments nécessaires à leurs activités.

Photo de fermiers:

D'un autre côté,à l'image d'Alphonse Derome, cultivateur à la ferme du Petit Chêne à Bavay, esprit curieux et avis' qui mit au point une méthode de fabrication d'engrais organique, mais s'intéressa aussi à l'amélioration de la culture des betteraves et perfectionna l'équipement des charrues, beaucoup de cultivateurs modernisèrent leurs exploitations en commençant à utiliser la faucheuse et même parfois la moissonneuse lieuse, la faneuse et le semoir mécanique et en utilisant les premiers engrais acheminés par le chemin de fer.

Photo d'une faucheuse:

L'agriculture faisait également vivre quantité d'artisans, charrons, forgerons (voir photo), maréchaux ferrants auxquels s'ajoutent les ouvriers forestiers, bùcherons, charbonniers, scieurs de long et sabotiers. Seule ombre au tableau de cette activité, les difficultés de la politique douanière qui entraînèrent la fermeture de toutes les sucreries ainsi que de la fabrique de pâte de pomme de Louvignies.

Les activités industrielles proprement dites ofFraient aux ouvriers des carrières, des sablières, des marbreries et aussi des briqueteries de campagne nombreuses à une époque où l'on construisit beaucoup dans la région, une existence modeste partagée entre un dur labeur, allégé parfois par l'amélioration de l'outillage et de rares distractions au rang desquelles, les estaminets fort répandus et toujours présents à proximité des lieux de travail, tenaient une place non négligeable.

Photo d'un estaminet:

D'une guerre à l'autre. La mobilisation de l'été 1914 vint stopper cette belle activité : occupation, restrictions, absence de main d'oeuvre masculine laissèrent des traces durables.

Les années 20 ont surtout été marquées par la reconstruction et la remise en état des usines qui, pour la plupart, avaient été vidées de leur outillage; tel avait été le cas de la marbrerie V. Evrard à Bellignies qui reprit possession des moteurs à gaz pauvre que l'occupant avait transféré aux carrières; ce fut aussi le cas des boulonneries de Louvignies-Bavay et des forges et ateliers de La Longueville( créés en 1898 sur une portion défrichée du Bois des Ecoliers, hameau des Lanières en bordure de la voie ferrée Feignies-Mons.

Toujours à La Longueville, mais cette fois à Malgarni, le long de la ligne Bavay-Maubeuge s'achève la construction de l'usine métallurgique Lemoine et Krieger, de la verrerie Saint-Marc commencées avant la guerre tandis que s'édifie la briqueterie Sainte Barbe grâce à l'apport des dommages de guerre.

Photo d'une briqueterie:

Dans la vallée de l'Hogneau et à Saint Waast la Vallée, la reprise fut spectaculaire comme le note A. Duronsoy : "Une période véritablement euphorique va commencer. Toute la région et les départements voisins, le Pas de Calais, la Somme, l'Aisne, l'Est de la France ont subi des destructions terribles, des villages entiers ont été rasés. Il faut reconstruire rapidement... L'amenagement et le luxe intérieur vont suivre... Pourtant deux ratés dans ce départ : la pierre bleue et la chaux. Le ciment et le béton vont détruire deux de nos productions traditionnelles. En effet, seules vont continuer à fonctionner les carrières fournissant la chaux et les matériaux d'empierrement des routes et les sablières.

Pour le marbre c'est la reprise à Gussignies avec l'usine du château et celle du moulin qui se spécialise dans la mosaïque, à Houdain, avec l'usine Dervillé aux Rocs et les ateliers Masson, Siméon et Vouloir. A Hon-Hergies, il en est de même pour la carrière et la marbrerie Blondeau qui agrandit son exploitation mais cesse en 1927; l'ensemble est reprit par P Walqueman et fonctionne de nouveau dès 1930. "A Saint Waast la Vallée, la marbrerie Lucq résistera peu de temps Victor Moriam' assurera la suite et Victor Cordier s'installe à la Flamengrie".

Mais c'est à Bellignies que la reprise est la plus spectaculaire avec les établissements V. Evrard où 300 ouvriers s'activent grâce aux 17 chassis de sciage fonctionnant à l'électricité fabriquée sur place, énergie qui alimente aussi les carrières de Hon-Hergies et le village de Bellignies, d'autres marbreries redémarrent Josselier, Cordier, Coffineau et Colmant.

Des carrières, seules celles de Hon-Hergies appartenant aux frères Blondeau reprirent une activité, l'une cessa en 1925. Enfin deux fours à chaux continuèrent de fonctionner, ceux de Bettrechies de la société des ciments Portland qui cessa en 1930 et de Bellignies appartenant aux carrières et fours à chaux.

D'un autre côté les établissements Derome s'étendent à la fois sur Louvignies avec l'usine de la gare qui brùla en 1912, sur Bavay avec les entrepôts de la porte de Mons et sur Houdain où ils ont transformés l'ancienne sucrerie en une éphémère usine de palans puis en un entrepôt.

Non loin de là, près de la gare de Bavay annexe, la sucrerie Defay s'est reconvertie en fabrique d'engrais concurrente de Derome.A Saint Waast la Valée la sucrerie Semal devint une fabrique de céruse puis un atelier de constructions mécaniques et enfin un dépôt de maé'riaux de construction de la carrière Chevallier en 1934. .

Les agriculteurs, bien que peu favorisés par la conjoncture, améliorent diversement leur parc de matériel, utilisant davantage les engrais et abandonnent la batteuse à manège pour la batteuse mécanique actionnée par la locomobile.

Les activités industrielles liées à l'agriculture connurent des fortunes diverses. Les deux derniers moulins à vent en activité furent mis hors service durant la guerre; en revanche de nombreux moulins à eau continuèrent de tourner à l'exception toutefois des moulins des Prés à Mecquignies, du Tordoir à Hon-Hergies et Couard à la Longueville.

Photo du moulin du Suisse:

Certaines brasseries ne se relevèrent pas de la guerre, comme celles d'Amfroipret, de Taisnières-sur-Hon, de Hon-Hergies, Mecquignies entre autres; la laiterie installée dans l'ancienne brasserie de Pray ne reprit pas non plus.

Dans le même temps la brasserie Lecq à la Longueville se développait et s'équipait de camions.

L'artisanat rural subit le contrecoup de la mécanisation agricole: les forgerons et les charrons, les ma réchaux-ferrands dans une moindre mesure, connaissent des difficultés croissantes sauf s'ils se spécialisent dans les machines agricoles comme c'est le cas pour la forge de Malplaquet dès 1927-28.

Photo du maréchal ferrant de Mecquignies:

Dans le domaine des transports, le cheval continue d'être un élément important, mais déjà concurrencé par le chemin de fer, il est désormais menacé par les transports automobiles: camions utilisés dans les marbreries,les carrières et aussi, on l'a vu, dans les brasseries, automobiles remplaçant les cabriolets, les charrettes et les fiacres pour les voyageurs, Compléments indispensables de cette révolution les pompes à essence apparaissent ainsi que les premiers garages dont celui de Marcel Drugmanne en 1926.

Dernière nouveauté de l'après guerre, la vulgarisation de l'électricité: les premières lignes domestiques sillonnent le Bavaisis dès 1922-23, la première ligne de 15 000 volts est opérationnelle en 1925, permettant l'approvisionnement des usines, apparaissent aussi les premiers transformateurs ou cabines ainsi que lés preiers réseaux d'éclairage public. Ce fut la compagnie d'électricité du Nord qui couvrit la région dés 1928. (Mecquignies année 1934-35).

A partir des années 30, l'euphorie fait place à la crise qui stoppe net toute activité et appauvrit notablement le potentiel industriel du Bavaisis. L' industrie marbrière a été la plus durement touchée puisque tous les ateliers de Saint Waast la Vallée, de Gussignies ferment leurs portes, de même la marbrerie Josselier à Bellignies.

Dans un autre domaine, la verrerie Saint Marc à la Longueville absorbée par les Glaces de Boussois en 1926 agonise à partir de 1936. Disparaissent aussi les brasseries de Bellignies, la fabrique de pâte de pomme du Plat de Bois, la confiturerie de Bellignies, les forges de plusieurs communes : Taisnières, Obies, Amfroipret, Hon-Hergies, Mecquignies. Beaucoup d'autres activités se maintiennent tant bien que mal en ajoutant au métier principal un travail d'appoint lié le plus souvent à l'agriculture, c'est le cas des meuniers, des ouvriers forestiers, notamment les sabotiers.

Photos de sabotiers en forêt de Mormal:

Photos de sabotiers:

Photos de sabotiers:

Photos de sabotiers:

Photo des outils des sabotiers:

Dans les carrières et sablières, beaucoup ont sombré dès les arnnées 30, ce fut le cas des exploitations de Louvignies, Mecquignies dans leur ensemble; de leur côté les briqueteries de campagne sans commande ont, elles aussi périclitées.

Pourtant tout n'a pas été sombre dans le Bavaisis des années 30 à 40. Ainsi, en 1925 à Louvignies-Bavay, la société des Feutres et Amiantes du Nord s'installe dans les bâtiments de la distillerie Levent. En 1927, les boulonneries sont cédées à la Sociét' La Nervienne spécialisée dans les Amiantes, les cartons et les papiers. Cette société cède une partie des bâtiments à M. Bombled qui fonde en 1934 un atelier de textile, puis une autre en 1936 à M. Telle qui crée la Société Anonyme des Tampons et Obturateurs.

Dans un tout autre domaine, quelques scieries commencent à fonctionner : c'est le cas des établissements Lassinat à La Longueville et Ducornet à Mecquignies. De même quelques sablières s'ouvrirent à Louvignies, M. Dehon, et à Mecquignies.

Néanmoins, les trentes années qui s'écoulèrent entre les deux guerres mondiales hypothéquèrent lourdement les activités industrielles du Bavaisis qui déclinèrent irrémédiablement jusqu'à nos jours. Pourtant, au cours des années 1939-1945, l'occupation fut moins pesante qu'en 1914-1918, seuls un marché économique plus restreint et une main d'oeuvre peu disposée à fournir des efforts dans le cadre de la collaboration avec l'occupant ont ralenti considérablement les activités.

L'ERE DE LA DESINDUSTRIALISATION:

Les quarante années qui se sont écoulées depuis la fin de la seconde guerre mondiale furent une longue agonie, même si les effets de la reconstruction ont laissé planer quelques illusions de prospérité retrouvée. Dans tous les domaines, de la moyenne à la petite industrie en passant par l'artisanat rural, l'élimination a été plus ou moins rapide sous les coups de la concentration, de la modernisation, de la concurrence insoutenable, des modes imposées qui firent délaisser toute production personnalisée. Ainsi, des secteurs entiers d'activités ont complétement disparu, d'autres se meurent, quelques-uns tentent de survivre. Mais l'espoir n'est plus dans le maintien de la tradition mais dans un renouvellement complet des activités.

Les industries liées à l'exploitation du sous-sol ont semble t-il, préservé un peu mieux leurs activités après la guerre, les besoins engendrés par la reconstruction ont favorisé la reprise de l'exploitation des carrières de Hon-Hergies et, plus tard, l'ouverture de celles d'Houdain et de Bellignies où les fours à chaux se sont maintenus jusqu'en 1968. On continue et même on ouvre des sablières comme Stoclet à Bavay et Tommasini à Mecquignies. La briqueterie de La Longueville de son côté, après s'être mécanisée poursuit ses activités jusqu'après 1972.

La marbrerie connut d'avantage d'échecs que de réussites comme l'a montré A Duronsoy : A Houdain, les ateliers Descamps successeur de Vouloir et Sohier disparaissent; Dervillé cessera vers 1970, seul subsiste l'atelier Peruwelz à Eugnies. A Gussignies, les frères Colorant entreprirent un essai qui se solda par un echec rapide, de même Cordier à La Flamengrie-Saint Waast la Vallée cessera vers 1970. A Bellignies plusieurs tentatives n'aboutissent pas : tour à tour Montay à la brasserie coopérative, Bonnet et Pottier, puis les marbriers réunis échouent. Aujourd'hui les marbreries: V.Evrard, Coffineau et Honoré ont disparu . A Hon-Hergies, P Walquemann et ses fils se sont reconvertis dans la cheminée de pierre essentiellement tandis qu'à Bavay A. Laurent est spécialisé dans le funéraire tout comme J.Bon aujourd'hui arrêté.

Les industries métallurgiques ont presque complètement disparu, seul subsiste l'atelier SFMR à Bavay, succédant aux établissements Lepoint puis Bauve à Bavay. A La Longueville, les forges des lanières sont arrêtées.

Pour ce qui est des activités rurales, les années 60 vont marquer le glas : les derniers moulins ont cessé de moudre entre 1955 et 1970, victimes des grands moulins; des brasseries, seules subsistent celles A.Thelliez à Bavay après l'absorbtion de Forta de La Longueville par les brasseries de Maubeuge et le Baron à Gussignies. Tandis que la dernière fabrique de chicorée de la famille Mandron fermait ses portes en 1954. Victimes de la motorisation et de la mécanisation : les charrons, les forgerons et les maréchaux-ferrands vont disparaître entre 1960 et 1980, certains devront trouver une embauche dans les usines de la région.

Victimes aussi de la mécanisation les entreprises de battages dont quelques unes s'équipèrent de moissonneuses batteuses.

Dans le domaine de l'automobile, alors que la concentration des garages se fait à Bavay qui compte aujourd'hui encore 4 garages, quelques établissements disparaissent des communes voisines :Raison, puis Dalle à Taisnières-sur-Hon, Bulté à La Longueville, Demeure au Quesnes au Leu et Tilmant à Saint Waast. Cons'quences de la désindustrialisation, les lignes de chemin de fer ont fermé les unes après les autres après la suppression de la ligne vers la Belgique intervenue avant 1940, ce fut le chemin de fer d'intêret local de la Vallée de l'Hogneau qui cessa son activité en 1966, ce furent ensuite les lignes Bavay-Le Quesnoy, et de Valenciennes à Maubeuge par Bavay en 1970. Seules servent encore pour les besoins de la carrière SECAB, les tronçons Bettrechies-Bavay et Bavay-Maubeuge.

Tout n'est pas pour autant ruine et désolation. Quelques ateliers métallurgiques ont réoccupé d'anciens bâtiments : la société Delcorte a créé sur la friche de la verrerie Saint Marc à La Longueville; une usine métallurgique et aussi réaménagé pour le même usage l'ancienne usine des Feutres et Amiantes de Bavay. Dans cette même ville, la société Liard est installée depuis plus de 25 ans. Enfin 4 scieries continuent de fonctionner.

A La Longueville encore, une zone industrielle a accueilli successivement une quincaillerie en gros, un dépôt de produits laitiers (disparu aujourd'hui), une entreprise de travaux publics et un atelier de menuiserie métallique tandis qu'à Saint Waast, l'ancien dépôt de la carrière Rasquin devient un atelier de pièces détachées pour automobiles.

De nombreux garages continuent de fonctionner : on en compte une dizaine dont 4 pour la seule ville de Bavay dont un pour camions (disparu), également deux stations pour matériel agricole sont ouvertes à HonHergies et à Audignies (disparu). Enfin depuis 1969, G.D.F a installé à Taisnières-sur-Hon, une station de redistribution de gaz naturel.

Néanmoins beaucoup d'installations à usage industriel ont été transformées ou sont tombées en ruines. Parmi celles qui se sont le mieux conservées les moulins réutilisés comme habitations particulières, comme fermes et même comme étang de pêche avec café (le Suisse aujourd'hui fermé au public) ; des brasseries certaines ont complétement disparue comme à La Longueville, d'autres ont été réutilisées à usages de fermes, d'école, de restaurant et de gîte rural ou encore en point de vente de fruits et légumes.

Les bâtiments à usage de marbreries ont connu des fortunes diverses : certain ont complétement disparu comme ceux des marbreries Cordier, Josselier et Lucq; quelques uns sont réutilisés à usage de fermes, d'habitations, de point de vente de fruits et légumes, mais aussi d'autres bâtiments ont connu d'autres destins; la marbrerie Sirjacq est devenue le musée du marbre et de la pierre bleue, l'ancienne fabrique de pâte de pommes de Louvignies est aujourd'hui annexe de L.E.P. (disparu) après avoir servi de salle des fêtes, le germoir des Etablissements Derome abrite quant à lui une supérette.

Forges et ateliers de charrons ont disparu ou servent de simples remises, à Mecquignies l'habitation de Maite Gabriel le charron a été transformé en gite rural.

Les carrières et sablières sont envahies par les eaux, comblées de déblais ou servent de dépôts d'ordures officiels ou sauvages.

Enfin les installations des chemins de fer ont été démontées, voies ferrées, portiques, passages à niveau, tandis que les gares étaient réutilisées à usages d'habitations à l'exception toutefois de Bavay annexe convertie en dépôts pour l'Equipement et de Louvignies-Bavay laissé complétement à l'abandon.

Les terrains laissés à l'abandon par le démontage des voies ferrées ont été achetés par les riverains, servent de dépôt d'ordures ou ont été aménagés en un sentier promenade de la vallée de marbre. Tel est le destin des bâtiments et d'autres installations qui durant un siècle ont fait la fierté du Bavaisis, ont procuré du travail à ses habitants et ont porté loin le renom du terroir: les marbres du Normandie n'ont-ils pas été réalisés à Houdain- lez-Bavay, les rivets de la Tour Eiffel n'ont-ils pas été forgés aux Boulonneries de Louvignies-Bavay?

Evolution de la population de Mecquignies: